EDOUARD MANET (1832-1883), figure majeure de l'art, fait l'objet d'une magnifique rétrospective (une première depuis 30 ans) au musée d'Orsay.
L'auteur du " Déjeuner sur l'herbe " (1862/63 - Orsay) et de " L'Olympia " (1863 - Orsay) incarne à lui seul l'avènement de la modernité en nous offrant une approche picturale novatrice que je vous invite à découvrir ...
* S'inspirer des Maîtres pour créer sa propre vision de l'art ...
Ce fils de bonne famille sut retenir les leçons de l'atelier Thomas Couture (peintre officiel de la II République) et de l'École Espagnole ( les Vélasquez, Gréco et Goya du Prado devaient l'influencer à jamais) pour nous offrir une oeuvre d'une puissance visuelle rare !
Dés les années 1860, Manet fait du noir sa couleur de prédilection et sait comme nul autre nous transporter dans une monde d'émotion.
. 1861 : " Le petit Lange" (Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle) ... un sublime portrait d'enfant que je vous invite à découvrir à la suite !
. 1861 : " L'Enfant à l'épée " (New York, MET.) ... Manet, jeune artiste de 22 ans réussit à nous éblouir en jouant sur le contraste du col blanc et du costume noir.
. 1864 : " L'Homme dit Toréro Mort " ( Washington, National Gallery of Art) ... ce fragment d'un tableau découpé en 1865 constitue une oeuvre d'une puissance dramatique toujours intacte ... voir ci dessous !
. 1865 : " Un Moine en prière " ( Boston, Museum of Fine Art) ... Manet semble réinventer l'art sacré en puisant chez les Maîtres Italiens et Espagnols.
* Femmes je vous aime ...
Manet fut aussi le chantre de la femme ... pour magnifier cette dernière, il fit appel successivement à deux modèles qui lui ont inspiré quelques uns de ses plus beaux chefs d'oeuvre.
Victorine Meurent qui fut à la fois sa muse et sa maîtresse lui insuffla entre autre :
. 1862 : " La Chanteuse des Rues " ( Boston, Museum fine Art) ... un moment magique !
. mais aussi et surtout les deux nus énoncés dans l'introduction de cet article ... deux oeuvres sulfureuses pour l'époque !
Sa belle soeur Berthe Morisot devint à son tour son modèle privilégié ... il fera d'elle 14 portraits dont " Le Balcon " (1868/69 - Orsay) : une oeuvre qui possède un véritable magnétisme tant l'artiste est parvenu à saisir comme nul autre la solitude de l'être !
* Un parrain pour les impressionnistes ...
Manet ne fut pas que le digne héritier de l'École Espagnole, il sut faire évoluer sa palette dès les années 1860 en optant pour des tons clairs ...
Cette attitude devait lui attirer la sympathie de l'École de Batignolles qui lui demanda à plusieurs reprises de participer au mouvement impressionniste.
Le " Rebelle en redingote " (surnom proposé par la grande historienne d'art américaine Beth Archer Brombert) sut néanmoins se maintenir en marge de ce mouvement en refusant d'exposer avec les amis de Monet car rien ne lui importait plus que sa liberté !
Pourtant, le Maître signa plusieurs oeuvres dont la facture impressionniste semble évidente ...
" La partie de croquet " (1873 - Francfort, Stadel Museum) tout comme les " Bords de Seine à Argenteuil (1874 - Londres, Collection Particulière ... à admirer ci dessous ! ) nous immergent dans un monde ou la nature et l'eau (deux thèmes chers aux impressionnistes) sont omniprésents : Manet semble s'être piégé lui même et tend à nous démontrer qu'il n'est jamais là ou nous l'attendons !
* Le peintre de la vie moderne ... A partir de 1879, Manet se pencha avec une plus grande accuité sur les états d'âme de ses contemporains : scènes de brasserie, music hall, mondaines et demi mondaines deviennent un sujet privilégié pour l'artiste.
. 1879 : " Chez le Père Lathuille en plein air " (Tournai, M.B.A) ... un déjeuner en amoureux qui restera dans les annales !
. 1880 : " Émile Ambre dans le rôle de Carmen " (Philadelphie, Museum of Art) ... un superbe portrait de femme pour un artiste au sommet de son art ... voir illustration jointe !
. Vers 1882 : " L'Amazone dite L'été " (Madrid, Musée Thyssen Bornemisza) ... oeuvre emblématique d'une époque, celle de l'élégance fin de XIX ème siècle !
En signant ses joyaux, l'artiste devint aux yeux des critiques de son temps , le peintre des femmes galantes : qui s'en plaindrait aujourd'hui !
* Un amoureux des natures mortes ...
Le musée d'Orsay nous permet de revenir sur un trait souvent occulté dans l'oeuvre de Manet ... tout comme Cézanne, Edouard Manet excellait dans la représentation des natures mortes.
" Son vase de pivoines sur piédouche " (1864 - Orsay) constitue à mes yeux un véritable moment d'anthologie tant l'artiste a su saisir avec un talent incomparable l'instant ou les pétales se répandent sur la table ... voir ci après !
Un Conseil : Ne Ratez pas ce moment de pure délectation même si la foule est au rendez- vous (réservez au préalable ! ) car les occasions de confronter les chefs d'oeuvres du musée d'Orsay à ceux d'autres grandes institutions muséales internationales sont rares ... A INSCRIRE SUR VOTRE AGENDA !
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