Si l'histoire n'a retenu que le nom de Gertrude Stein " Marraine des artistes du Paris Bohème " , l'exposition du Grand Palais tend à rétablir la réalité en nous faisant découvrir les apports respectifs de chacun des membres de cette fratrie !
* LEO STEIN : UN DÉCOUVREUR DE TALENT A L'ORIGINE DE LA COLLECTION FAMILIALE.
Parti en 1895 faire un tour du monde devant lui permettre d'admirer les maîtres de la Renaissance Italienne, cet esthète et fin lettré découvre contre toute attente " le Paris des Avant-Gardes ".
Cette révélation va l'amener à se constituer une collection de tout premier ordre ou figure quatre grands noms de l'art moderne (Cézanne, Manet, Degas et Renoir) mais aussi quelques troublions à l'avenir prometteur (Matisse, Picasso, Bonnard).
Lorsque ces artistes deviendront inaccessibles en raison de l'envolée de leur cote, l'amateur éclairé saura " échanger des toiles " avec ses frère et soeur afin de valoriser ce qu'il a de plus cher en l'occurrence ses " Renoir ".
Certains de ces chefs- d'oeuvre qui ont retrouvé leur terre d'origine (à l'occasion de cette exposition exceptionnelle) m'ont plu particulièrement ému ...
. MATISSE : " femme au chapeau " (1905 - Musée d'art moderne de San Francisco) ... cette oeuvre emblématique du fauvisme continue d'incarner un véritable feu d'artifice pictural que vous pouvez admirer au commencement de cet article.
Une seconde oeuvre de Matisse fit la fierté de Léo " nu bleu - souvenir de Biskra " (1907 - The Baltimore Museum of Art) ... cette odalisque qui suscita le scandale en son temps continue d'émerveiller les amoureux de l'art !
. BONNARD : " la sieste " (1900 - National Gallery of Victoria, Melbourne).
Cette sublime incarnation de la sensualité n'est pas s'en rappeler les Vénus du Titien !
. PICASSO : " meneur de cheval nu " (1905/1906 - Museum of Modern Art, New York).
Ce joyau de la période rose révèle l'intemporalité du sujet ... l'homme et l'animal, une histoire héritée de la nuit des temps !
* SARAH et MICHAEL STEIN : UNE PASSION EXCLUSIVE POUR MATISSE.
Ce couple d'amateur d'estampes japonaises découvrit à son tour Paname et se prit dès 1907 d'une passion sans égal pour l'oeuvre de Matisse. Le maître du Cateau Cambrésis devint un de leurs amis (il fit entre autre leurs portraits en 1916 - aujourd'hui au Musée d'art Moderne de San Francisco ... voir en photo ci dessous) et les aida à parfaire leur apprentissage de la peinture dans le cadre de l'académie qu'il créa.
Si la 1ère Guerre Mondiale provoqua la dislocation de leur collection, " ces premiers Matissiens " continuèrent à échanger une correspondance des plus fructueuses avec le maître et ce jusqu'à la fin de ses jours.
Permettez-moi de partager avec vous quelques morceaux choisis parmi cet " écrin Matissien "...
. " buffet et table " (1899 - Zurich, Kunshaus) ... un pur bonheur de facture pointilliste !
. " le pont Saint Michel " (1901/1902 - Isabelle et Scott Black Collection, Boston) ... un moment de grâce qui nous rappelle oh combien Paris fut une source d'inspiration.
. " le serf " (1900/1903 - Bronze à la cire perdue du musée Matisse au Cateau Cambrésis) ... ce corps robuste qui semble s'enraciner dans la terre nous invite au questionnement : sublime !
. " la baie de Nice " (1918 - Collection Particulière) ... une oeuvre lumineuse ou explose le génie du maître.
* GERTRUDE STEIN : UN ÉCRIVAIN DÉFENSEUR DE PICASSO.
Cette femme de lettres s'illustra en tant que rare défenseur de la période pré-cubiste de Picasso. L'amité entre ces deux fortes personnalités remonte à 1906, époque ou le jeune artiste Catalan immortalise (à l'issue d'une centaine de séances de pose) celle qui contribuera par ses écrits à créer le mythe Picasso.
Cette oeuvre majeure que vous pouvez admirez à la suite (aujourd'hui au MET à New York) s'inspire du célèbre " portrait de Mme Cézanne à l'éventail " (1878/1888 - fondation Buhrle, Zurich) détenue à l'époque par la femme de Lettres ... Gertrude semble être parvenue à ses fins : démontrer que Pablo n'est rien de moins qu'un nouveau Cézanne !
Après l'envolée du prix des oeuvres de son ami Picasso, Gertrude s'érige en véritable protectrice des arts en soutenant d'autres jeunes artistes à l'avenir prometteur (Juan Gris, André Masson, Francis Picabia, Balthus).
UN CONSEIL : Précipitez-vous (et ce avant le 16 janvier 2012) pour découvrir cette exposition événement ... une occasion " unique " de vous replonger dans l'univers de cette grande famille de serviteurs de l'art !
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