Cet artiste , prix de Rome en 1761, étudia pendant sept ans durant son séjour dans la Ville Éternelle, les oeuvres de l'Antiquité et les artistes de la Renaissance. De retour à Paris, il devint très vite un portraitiste des plus recherchés sans toutefois délaisser les sujets religieux, mythologiques et historiques.
L'exposition organisée en partenariat avec le Liebieghaus Skulpturensammlung de Francfort sur le Main, tend à restituer dans un premier temps la démarche novatrice de l'artiste : UN TRAITEMENT MODERNE DES SUJETS ALLÉGORIQUES.
De fait, le musée Fabre qui possède deux des travaux les plus connus de Houdon " l'hiver dite la Frileuse " et " l'été "( toutes deux en marbre ) a obtenu le prêt de la version en bronze de la frileuse détenu par le M.E.T.
Cette confrontation exceptionnelle ( il s'agit là d'un doux euphémisme ... je vous laisse imaginer le bonheur de pouvoir admirer ensemble ces joyaux de la sculpture) nous permet de restituer l'histoire de ces deux oeuvres emblématiques.
* " L'hiver dite la Frileuse "
Ce chef d'oeuvre qui date de 1783 (voir détail ci dessus) fut victime d'une véritable censure en raison de la sensualité qu'elle dégageait ... Si le sculpteur recouvre la tête de la jeune fille et s'inscrit par ce geste dans la tradition médiévale de la Piéta, il lui dévoile les fesses !
Ce parti pris novateur teinté d'érotisme ne pouvait que susciter la désapprobation des tenants de la tradition à commencer par le Directeur de l'Académie Royale.
Loin de se décourager, Houdon déclina son oeuvre sous différentes versions dont celle en bronze qui fut fondue dans son atelier en 1787 et ciselé par sa main (voir avant dernière photo). Cette version a appartenu au Duc D'Orléans, le Futur Philippe Égalité de la Révolution, avant de rejoindre les cimaises du M.E.T à New York.
* " l'été "
A la posture recroquevillée de l'hiver répond la majesté solaire de l'été.
Ce marbre exécuté en 1785 (voir 3ème illustration) possède les attributs de la Déesse Cérès (faucille et gerbe de blé) et constitue elle aussi une allégorie des Saisons.
Si elle fut sculptée comme son pendant l'hiver pour le compte de Monsieur de Saint Waast (Conseiller Secrétaire du Roi), elle vint elle aussi rejoindre le fonds du musée Fabre dès son ouverture (1828) grâce à la générosité d'un Mécène, Monsieur Creuzé de Lesser.
Cette magnifique exposition s'est attachée dans un second temps à TRADUIRE LE GÉNIE DE HOUDON DANS L'EXÉCUTION DE PORTRAITS A TRAVERS DIFFÉRENTS MATÉRIAUX (Plâtre, Terre cuite, Marbre et Bronze).
Ce Portraitiste émérite immortalisa les traits des personnalités marquantes de la vieille Europe et de la jeune Amérique en transcrivant comme nul autre le caractère et l'esprit de ses modèles (et c'est en cela qu'il fut un sculpteur génial et qu'il se différencia de ses Contemporains !).
Parmi la quarantaine d'oeuvres qui sont venues nous éblouir, certaines m'ont plus particulièrement émues :
* " le buste d'Anne Ange âgée de 15 mois (plâtre de 1791) "
La plus jeune fille de l'artiste dont le portrait est conservé au Louvre permit à son auteur de vendre de nombreuses copies de son sujet ... il est vrai que cette tête d'enfant est tout simplement sublime !
* " le buste en plâtre de Turgot ( collection particulière) "
Houdon nous livre à travers ce portrait du Ministre de Louis XVI, un témoignage qui traduit l'intelligence et l'autorité du modèle ... agrémenté d'un magnifique habit à la Française._
* " le portrait du compositeur allemand Gluck (1775 - Musée de Weimar) "
L'artiste a réussi (à travers ce plâtre imitant le bronze) a nous immortalisé le génie du musicien " chevelure ébouriffée " tout en nous le rendant profondément humain " meurtri par les stigmates de la petite vérole " ... un visage que je vous invite à admirer avec la dernière photo !
* " le buste en marbre du Comte de Cagliostro (1786 - Musée Granet à Aix en Provence) "
Cet aventurier qui fascina l'Europe des années 1780 nous est rendu au sommet de sa gloire " un homme habité par une force supérieure " (quel regard tourné vers le ciel ! ) ... avant que l'affaire du collier de la Reine ne cause sa perte !
Une deuxième version (elle aussi en marbre) existe à la National Gallery de Washington.
* " le portrait en marbre de Voltaire (1778 - Musée des Beaux Arts d'Angers) "
En faisant poser le célèbre Philosophe Français un mois avant sa mort, Houdon nous laisse pour l'éternité l'image d'un vieillard au regard attendrissant ... sculpté tête nue avec un modelé très doux ( du très grand art que je vous invite à regarder avec la deuxième photo !).
Je conclurais cet article par une citation du grand sculpteur, laquelle résume l'engagement de son auteur :
" C'EST LA NATURE DANS TOUTE SA NOBLESSE, SA PARFAITE SANTÉ QUE NOUS CHERCHONS, OU SINON, NOUS NE SOMMES QUE DE CHÉTIFS IMITATEURS ".
Assez impressionnant ! Il ne reste plus qu'un seul dodo avant le départ...
RépondreSupprimerBonsoir Manon,
RépondreSupprimerJe sais que mon article est conséquent mais l'expo était vraiment sublime !
Sinon je t'embrasse et te dit à mercredi.
Bises à vous 2
Laurent.