samedi 16 février 2013

Exposition : " L'ART EN GUERRE EN FRANCE - 1938/1947 " Au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.

 Le musée d'art moderne de la ville de Paris nous entraîne pour quelques heures encore (fin des réjouissances demain soir ! ) à la rencontre de " L'ART EN GUERRE EN FRANCE - 1938/1947 ".
Ce rendez-vous majeur réunit près de 400 oeuvres de plus d'une centaine d'artistes faisant raisonner ces mots de Picasso : " Non la peinture n'est pas faîte pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensive et défensive contre l'ennemi ".

* CRÉER POUR RÉSISTER ... L'ADAGE D'UNE MAJORITÉ D'ARTISTES
Cette période troublée de l'histoire de France, dominée par l'Occupation a généré en réaction un élan artistique sans précédent ... Artistes de renom ou anonymes ont tenté à travers leur art de conjurer le sort.

En recréant l'atelier de Picasso rue des Grands Augustins (à Paris), le M.A.M démontre que celui qui était considéré comme un artiste dégénéré (par les forces occupantes), redoublait contre toute attente de créativité et ripostait en multipliant les chefs d'oeuvre : " Portrait de Marie Thérèse accoudée" (1939 - Collection Particulière ... à admirer ci dessous), " Nu " (1941 - M.A.M Belfort),  " Aubade " (1942 - Centre Pompidou ... joyau que vous pouvez contempler ci dessus ", " Buffet - Nature morte aux verres et cerises " (1943 - The Menil Collection Houston), " L'homme au mouton " (1943/1944 - bronze du Philadelphia Museum of Art) sont venus nous rappeler tout le génie du Maître Catalan !



 A la même époque la galerie Jeanne Bucher située boulevard du Montparnasse (à Paris) incarnait une rare mais authentique bouffée d'oxygène en défendant ceux qui étaient privés de visibilité ... Ernst (je vous invite à vous délecter de Fuite, chef d'oeuvre de 1940 appartenant à une collection particulière), Freundlich,  ainsi que deux figures émergentes Kandinsky (comment ne pas succomber à cet hymne à la vie incarné par Complexité simple, oeuvre de 1939 appartenant au Centre Pompidou ! ) et Nicolas de Staël ont pu bénéficier de la protection de cette Alsacienne qui voyait en l'art un acte de résistance !




















 Parallèlement dans l'enfer des camps, nombre de déportés se consacraient à la création pour échapper à leur quotidien et tenter de renouer avec l'humanité ... ces oeuvres bricolées avec des moyens de fortune (à l'image de ces boîtes d'allumettes transformées en cachots miniaturisés) côtoyaient des toiles d'un réalisme saisissant " Dans le camp " (1940 ) de Félix Nussbaum nous révèle l'insoutenable (témoignage bouleversant appartenant au Stifkung Deutsches Historisches Museum Berlin laissé par un artiste juif qui devait mourir dans un camp de la mort)




 * COLLABORER POUR UNE MINORITE ...
 Plusieurs figures de la scène artistique des années 40 ( et non des moindres ! ) ont cédé aux " chants des Sirènes " en pactisant avec l'occupant.
L'exemple le plus marquant en la matière s'apparente au voyage de propagande en Allemagne (fin d'année 1941) auquel ont participé Derain, Friesz, Vlaminck et Van Dongen ... un cliché tristement célèbre nous rappelle cette heure peu glorieuse !
Dans le même temps, Maillol et Cocteau rendaient hommage au musée de l'Orangerie (1942) au  " talent " d'Arno Breker ... sculpteur fétiche d'Hitler (sans commentaire ! ).


* AVEC LA LIBÉRATION ... UN ART LIBÉRÉ
Après 6 ans de conflit, la France veut juguler le traumatisme en mettant à l'honneur un art résolument moderne, libéré de la censure et du diktat !
Si Picasso apparaît comme la figure incontournable de cette période en raison de sa résistance artistique, nous assistons dans le même temps à la consécration de deux figures de l'art Chagall, incarnation du renouveau de l'art sacré ... son triptyque " Révolution " (1937/1948) est un véritable enchantement en la matière.

Matisse profite lui aussi de cet atmosphère de liberté et signe "Jazz " (1947 - Musée départemental Matisse au Cadeau Cambrésis) ... véritable ode à la vie (sublime ! ).

Cet après guerre permet aussi et surtout à une nouvelle génération d'artistes de faire table rase du passé en permettant le triomphe de l'abstraction (nous sommes loin de cet art jadis brancardé comme art dégénéré ! ) avec comme chef de file Soulages.
Dans le même temps Dubuffet commence à " révolutionner " l'art en battant en brèche l'idéal de beauté ... une autre histoire de l'art est alors en train de s'écrire !


UN CONSEIL : Précipitez-vous pour profiter de cette exposition fleuve ( et c'est peu que de le dire) qui mérite toute votre attention ... un événement marquant à bien des égards !