dimanche 25 juillet 2010

Exposition : " FLEUVE CONGO, ARTS D'AFRIQUE CENTRALE " Au Musée du Quai Branly.

Au coeur du continent africain s'étend une zone géographique englobant six pays ( le Cameroun, le Gabon, les 2 " Congo ", la Guinée Equatoriale et l'Angola) ou vivent des populations de langue Bantoue (450 Ethnies au total).
Ces populations, qui se sont installées aux abords des fleuves Congo et Ogooue, rendent depuis des siècles hommage au cultes des ancêtres et aux forces de la nature.

L'exposition présentée par le musée du quai branly , fruit du travail de l'historien François Neyt, tend à nous éclairer sur les pratiques cultuelles de ces ethnies en nous invitant à un " VOYAGE INITIATIQUE " ou 170 masques et sculptures sont venus nous révéler toute la beauté des Arts d'Afrique Centrale.
Ces Arts qui sont généralement d'un dépouillement extrême peuvent être appréhendés sous trois formes différentes :

* LES MASQUES EN FORME DE COEUR ...
Ces masques, sculptés généralement en bois ou en ivoire, par des créateurs exclusivement masculins et anonymes (mais oh combien talentueux !) suscitèrent dés le début du XXème siècle l'attrait d'artistes européens à l'image de Matisse qui commença à constituer une collection !

Parmi les magnifiques exemplaires réunis pour ce rendez-vous parisien (avant une présentation hivernale à Singapour) mes coups de coeur sont allés aux :

. " Masques anthropomorphes "
Ces objets de toute beauté appréciés des Léga, sont recouverts d'une teinture blanche baptisée " mpemba " en référence au monde des ancêtres ... la 2ème illustration en atteste !

. " les masques faciaux de danseur "
Ces véritables oeuvres d'art, que l'on rencontre chez les Teke du Groupe Tsaayi, nous étonnent avec leurs couleurs vives qui renvoient aux forces ésotériques de l'univers (arc en ciel, lune, étoiles ...).


* LES RELIQUAIRES ET STATUES D'ANCÊTRES ...
Dans des sociétés ou la mort occupe une place centrale, une réponse adaptée fut très vite préconisée par le biais de reliquaires et statues d'ancêtres.

. " les reliquaires Fang "
Les Fang, ethnie implantée dans le sud du Cameroun et le nord du Gabon, ont su mieux que quiconque exprimer leur attachement à perpétuer la mémoire des défunts. Aussi, ce groupe longtemps assimilé dans la mémoire collective à des pratiques cannibales, a su transcrire dans le bois des sculptures funéraires des plus raffinées !
En la matière, une tête de gardien de reliquaire continue de m'éblouir ... quel bonheur que de pouvoir admirer ces 4 visages d'ancêtres scrutant nuit et jour les 4 directions de l'univers (voir avant dernière photo !).

. " les reliquaires Kota "
Les Kota, que l'on rencontre du Cameroun au Gabon, ont véhiculé un art plus complexe et plus abstrait ... leurs créations, qui font appel au cuivre et au laiton comme revêtement, trouvent leur plus belle expression avec le maître de Sébé (voir ci dessous !).
. un prolongement : " les portes de temples cultuels "
Les Tsogo, ethnie Gabonaise, ont su diversifié leur production artistique et nous transmettre notamment de magnifiques témoignages de portes de temples cultuels . Ces oeuvres réalisées par des hommes initiés, privilégient trois couleurs (le noir pour la mort, le rouge pour la vie et le blanc pour la vie manifestée à l'état potentiel) qui tendent à évoquer l'être suprême " le Bwiti " ... tout simplement sublime !
* LES REPRÉSENTATIONS FEMININES ...
L'Afrique Centrale (qui représente le tiers du continent africain) connaît une forte croissance démographique et ce grâce à la femme ; aussi, cette dernière fait l'objet de nombreuses représentations : masques, statues...

. " les masques Punu / Lumbu (Gabon) "
Ces créations de couleur blanche reprenant la forme de coeur, appelées " masques de danse Okuyi " continuent de réguler la vie sociale ... et de nous émerveiller !
. " les maternités Phemba des Kongo "
Les Kongo sont parvenus à sublimer le corps de la femme en rendant hommage à ce qui constitue son essence, en l'occurrence sa fécondité. Les magnifiques représentations de femmes assises avec un enfant dans les bras traduisent la reconnaissance de tout un peuple envers celles qui perpétuent la vie ... cette quasi dévotion constitue à mes yeux l'une des plus belles expressions de l'art africain (voir ci-dessous ).

Un conseil : Pour prolonger ce magnifique rendez-vous parisien, je ne peux que vous inciter à partir à la rencontre des collections permanentes du Musée du Quai Branly (le musée de l'autre) , lieu qui invite mieux que tout autre à appréhender " la différence ", " la tolérance ", et " l'ouverture d'esprit " sous des jours nouveaux ... à méditer pour faire grandir le genre humain !




lundi 19 juillet 2010

Un Chef d'Oeuvre au Banc d'Essai : " LE DEJEUNER DES CANOTIERS " de Pierre Auguste RENOIR.

L'été 1880, Pierre Auguste Renoir habitué du Restaurant Fournaise sur l'île de Chatou (près de Paris) décide d'immortaliser ce lieu qui lui est cher.
Il demande alors à plusieurs de ses proches de prendre la pose sur la terrasse de cette guinguette des bords de Seine.
Sans le savoir, Renoir signe alors l'une des oeuvres les plus emblématiques de l'histoire de l'art : un véritable manifeste se rapportant à une époque révolue, celle de la douceur de vivre en cette fin de XIX ème siècle.

Ce véritable joyau que le Marchand d'art Paul Durand-Ruel (grand défenseur de la cause impressionniste) acheta à l'artiste sera revendu au grand collectionneur américain Duncan Phillips, lequel traversa pour l'occasion deux fois l'Atlantique (en 1911 et 1923) pour accrocher aux cimaises de sa fondation ce qu'il considérait comme un chef-d'oeuvre absolu !

Ce magnifique tableau aux dimensions conséquentes, revint exceptionnellement à Paris au cours de l'hiver 2005 lors de la fermeture pour travaux de la Phillips Collection à Washington ... ce fut alors une occasion unique d'entrer en communion avec cette oeuvre (quel souvenir mémorable et indicible !) que certains qualifièrent en leur temps d'hommage aux Noces de Cana !

Si Renoir n'est pas Véronèse , ce portraitiste de génie sut néanmoins mieux que quiconque donner vie à ses personnages avec cette scène populaire : alors qu'Alphonse Fournaise (fils du restaurateur) s'appuie sur la balustrade, sa soeur Alphonsine écoute le Baron Barbier (ami de Renoir), derrière Charles Ephrussi (mécène de l'artiste) reconnaissable à son haut de forme semble parler affaires avec un jeune homme ... dans le même temps au premier plan Gustave Caillebotte (l'ami qui a fait de Renoir son exécuteur testamentaire) assis à califourchon sur une chaise semble perdu dans ses pensées, en face une jeune femme de 19 ans couturière de son état s'amuse avec un petit chien, cette dernière connue sous le Nom d' Aline Charigot deviendra Madame Renoir en 1890 !




Si comme moi vous aimez ces tranches de vie synonyme de bonheur et de joie de vivre, alors un conseil, partez à la rencontre de ce moment d'anthologie de l'histoire de la peinture et qui sait : " Peut- être parviendrez vous à entendre le chuchotement des conversations qui firent jour à l'occasion d'un déjeuner des canotiers par une belle journée d'été de 1880 ! "

mercredi 14 juillet 2010

Un coup de coeur : LE MUSEE FABRE à Montpellier.

La Capitale Langdocienne possède un joyau incomparable à quelques pas de la mythique place de la comédie. Cet écrin situé dans une très belle demeure du XIXème siècle s'apparente depuis sa réouverture en 2007 à un lieu incontournable pour tout amoureux de l'art.
La richesse de ses collections alliée à une programmation exigeante en matière d'expositions font de cet endroit un des hauts lieux de la culture européenne.


Ce musée prouve en outre s'il en est qu'il existe des collections inestimables en dehors de Paris pour peu que l'on veuille partir à leur rencontre !

Pour illustrer mes propos je vous invite à découvrir un florilège de cette collection pérenne ...

* JEAN BAPTISTE GREUZE signe avec " le petit paresseux " (1755) une oeuvre sublime emprunte de tendresse ... voir dernière photo !

* GUSTAVE COURBET nous éblouit particulièrement avec son " homme à la pipe " (vers 1846) et " le bord de mer à Palavas (1854) ... un artiste très inspiré !

* FREDERIC BAZILLE (l'enfant du pays mort prématurément lors du conflit de 1870) nous livre une " petite italienne chanteuse des rues " (1866) qui invite à la réflexion ... voir 3 ème illustration !

* WILHELM VON GEGERFELT (artiste suédois) nous illumine avec " marine, soir de fête près de Venise " (1872) !

* BERTHE MORISOT nous dresse à travers " jeune femme assise devant la fenêtre " dite l'été, l'une de ses oeuvres les plus abouties ... un réel coup de coeur que je vous invite à admirer avec la 4 ème photo !

* LOUIS ERNEST BARRIAS ( prix de Rome en 1865) modèle un "Mozart enfant "(plâtre de 1887) emprunt de virtuosité ... une belle découverte !

* JACQUES EMILE BLANCHE (grand portraitiste) nous livre un " Portrait de Pierre Humbert enfant " (1895) de toute beauté avec des réminiscences impressionnistes !

* KEES VAN DONGEN s'inscrit dans la tradition Fauve avec sa très belle " Danseuse Espagnole " (vers1912).

* GERMAINE RICHIER nous lègue une de ses rares oeuvres figuratives avec une oeuvre de jeunesse intitulée " Loretto I " (bronze patiné foncé de 1934) ... tout simplement sublime !

* ZAO WOU KI (figure emblématique de la nouvelle école de Paris, maître de l'abstraction) nous émerveille avec " Composition " (1965) ... à admirer sans modération !

* PIERRE SOULAGES nous invite à partir à sa rencontre dans le cadre d'un espace qui lui est entièrement consacré (voir 2 ème photo) ... Ce qui s'apparente à la plus belle collection d'oeuvres de l'artiste (en attendant l'ouverture prochaine d'un musée qui lui sera consacré à Rodez) constitue à mes yeux un moment de pur délectation à ne manquer sous aucun prétexte !!!



UN CONSEIL : Après votre visite, n'hésitez pas à déambuler dans les rues du vieux Montpellier pour vous imprégner de l'âme de cette ville au charme indéniable ...



jeudi 8 juillet 2010

Exposition : " MEROE, UN EMPIRE SUR LE NIL " au Louvre.

Le musée du Louvre, engagé dans des fouilles archéologiques au soudan (site Méroïtique de Mouweis), nous invite à découvrir la première civilisation d'Afrique Noire : LE ROYAUME DE MEROE.

Cette civilisation qui étendit son influence pendant près de 7 siècles sur l'actuel Soudan (IIIème S avt JC - IV Ap JC), eut pour Capitale Méroé ... implantée à 220 Kms au Nord de Khartoum (Capitale actuelle du pays).
Cette Capitale d'un Empire sur le Nil connut des influences multiples (Egypte, Grèce, Rome et Afrique) qui permirent l'avènement d'une CIVILISATION brillante qualifiée de MEROÏTIQUE.

Cet empire s'illustra à travers l'édification de Pyramides influencées par les Nécropoles Egyptiennes ( à quelques 2600 Kms au Sud de Gizeh ! ) tout en conservant des caractéristiques endogènes (taille réduite, pente plus raide, présence d'une petite chapelle précédée d'un pylône) visant à rendre hommage à leurs Souverains ... voir dernière illustration !
Ces Monarques " Héritiers des Pharaons Noirs " véhiculèrent une religion Polythéiste dominée par deux Divinités Tutélaires : AMON ( le Dieu à tête de Bélier d'origine égyptienne) et APEDEMAK ( Dieu local représenté sous la forme du Dieu Lion de la Steppe).

L'élite Méroïtique s'attacha aussi à promouvoir un art garant de son rayonnement et de son prestige ... Grâce au concours de grandes institutions européennes et plus encore de la coopération du Musée National Du Soudan, quelques uns des plus beaux joyaux ont momentanément quitté les rives du Nil Bleu pour rejoindre celles de la Seine !

* La Statue d'un Roi Archer ( IIème S avt JC) : Cet illustre inconnu qui semble nous scruter pour l'éternité constitue la quintessence en matière de maîtrise des métaux à Méroé ... je vous invite à admirer ce splendide bronze stuqué et doré à travers la première photo !

* Le Buste en Bronze d'une Reine Méroïtique au cou plissé (Ier S ap JC) : Ce splendide témoignage peut lui aussi être admirer ci dessus ... une Reine qui semble avoir les yeux fermés !

* La tête de Dionysos appartenant à une statue porte flambeau (Ier S ap JC) : Ce pur chef d'oeuvre qui ornait la tombe du Prince Arakankharor (fils du Roi Natakamani) démontre que ce Dieu était vénéré en dehors de Grèce en tant que Divinité incarnant le retour annuel de la crue du Nil !

* Le trésor de la Reine Amanishakheto (Ier S ap JC - aujourd'hui exposé aux Musées de Munich et de Berlin) brille d'un éclat particulier ... anneaux, bagues, sceaux, bracelets et colliers traduisent une synthèse d'éléments Égyptiens, Hellénistiques et locaux.

* Le Gobelet à décor peint et doré représentant des scènes d'offrandes à Osiris (IIIème S ap JC) : Ce petit bijou de l'art Méroïtique dénote l'influence égyptienne en représentant le Dieu des Morts égyptien sur son trône !


Cet Empire longtemps occulté par son puissant voisin égyptien méritait de sortir de l'ombre ... n'avait-il pas étendu son influence sur plus de 1500 Kms le long du Nil Principal et de ses grands affluents du Sud (au sud d'Assouan) avant de disparaître au V ème S ap JC victime des politiques expansionnistes de ses voisins (Nubiens et Blemmyes) et de l'avènement d'une religion Monothéiste : le Christianisme .