dimanche 30 janvier 2011

Exposition : " ANTIQUITE REVEE : Innovations et résistances au 18 ème Siècle " au Louvre.

En cet hiver 2010-2011, le Louvre nous convie à un voyage dans le temps qui nous restitue le débat qui fit jour autour de l'avènement du mouvement Néo classique : "Antiquité rêvée - Innovations et résistances au 18 ème siècle ".

*Les Grandes découvertes archéologiques du 18 ème siècle (Pompéi, Herculanum, Tivoli...) vont embraser l'imagination de collectionneurs amoureux de l'art antique. Ces esthètes que l'on rencontre dans toute l'Europe (à l'image du Comte Caylus, du Cardinal Albani, Ange Laurent de la Live de Jully, Henry Blundell ...) vont de fait insuffler un attrait sans précédent pour tout ce qui est art grec et art romain.
A la même époque on redécouvre l'Illiade et l'Odyssée d'Homère et l'Enéide de Virgile ...

Aussi toutes les formes d'art (de la peinture à la sculpture sans oublier l'architecture) témoignent de l'engouement pour ce qu'il convient de qualifier de " NEO CLASSIQUE ".

Plusieurs joyaux en la matière sont venus illustrer ce nouvel " âge d'or de l'art antique " :
. " ANTINOUS ALBANI " de Simon Challe (1748 - domaine de Versailles) ... ce magnifique marbre (copie d'après antique découvert à Tivoli en 1735) qui fit la fierté du Cardinal Albani à Rome, nous restitue de manière magistrale les traits du Favori de l'Empereur Hadrien (Sublime ! ).
. " DANSEUSE GRECQUE " et " LE PHILOSOPHE EPICTETE " d'Anton Raphael Mengs (vers 1754 -1756, Staatliche Kunsthalle) ... ces deux pierres noires dues à un compatriote de Winckelmann illustrent à merveille le goût pour l'antique dans les sphères aristocratiques.
. " L'EMPEREUR SÉVÈRE REPROCHE A CARACALLA, SON FILS, D'AVOIR VOULU L'ASSASSINER " de Jean Baptiste Greuze (1769 - musée du Louvre) ... une très belle oeuvre que vous pouvez admirer avec la 2ème illustration de cet article !
* Si au cours du 18 ème siècle, Londres, Rome et Paris semblent vibrer au rythme néo classique, d'autres courants contestataires font jour ...
Le premier d'entre eux vise à promouvoir un goût pour la théâtralité hérité du Baroque Italien du 17 ème siècle ... Parmi ces " fils spirituels " du Bernin, Auguste Pajou occupe une place prépondérante et je vous invite à ce titre à admirer son " NEPTUNE " (1767 - musée des beaux arts de Lyon) : une oeuvre pleine de dynamisme et de virtuosité qui s'apparente pleinement au NÉO BAROQUE !

Un second courant se réclamant du NÉO- MANIÉRISME (apologie de la Renaissance tardive incarnée principalement par Raphael) tend lui aussi à exister. John Deare incarne cet élan comme en témoigne "SA VENUS MARINE " (1787-1788, Paul Getty Museum) ... l'influence de la sculpture florentine du 16 ème siècle est somme toute perceptible (voir ci dessous) !

Un dernier courant principalement ancré en Europe du Nord vise à définir une esthétique nouvelle du terrible, du vertige et de la démesure sous l'appellation " LE SUBLIME ". De grands noms (Barry, Fussli, Sergel, Thomas Banks) servent cette cause et la splendide sculpture de ce dernier connue sous l'appellation " LA CHUTE D'UN TITAN " (1786 - Royal Accademy of Arts Londres) constitue une oeuvre d'une prouesse inégalée ... voir ci dessous !

* A la fin du 18 ème siècle tous ces clivages font place à un art universel prônant le triomphe de la Vertu. Jean louis David symbolise cette approche avec son " SERMENT DES HORACES " (1785 - musée du Louvre) ... à l'action des guerriers répond l'autorité morale du père !
Dans le même temps, nous assistons à un hommage aux Grands Hommes caractérisé par l'avènement d'une statuaire représentant des bustes drapés à l'antique (Houdon et Nollekens en sont les deux figures marquantes).
Ce mouvement fait enfin et surtout triompher (je pense qu'il s'agit là de sa plus belle victoire) la représentation du NU MASCULIN sous l'appellation " ACADÉMIE " à la faveur du renouveau pour l'art antique !
Un conseil : Courrez au Louvre, il ne vous reste plus que quelques jours ... en attendant je vous laisse admirer " PSYCHÈ ABANDONNÉE " de Jacques Louis David (1795 - Collection Particulière) ... Un petit joyau qui mérite à lui seul une petite visite (voir 1ère photo) !





lundi 24 janvier 2011

Exposition : " ANDRE KERTESZ (1894 - 1985) " Au Jeu de Paume à Paris.

André Kertesz (1894-1984), l'un des plus grands photographes du XXème siècle est célébré en cet hiver 2010/2011 à Paris.
Le rendez-vous auquel nous convie le Jeu de Paume nous permet de découvrir tout le talent d'un artiste qui eut l'humilité de se considérer tout au long de sa carrière comme un " PERPÉTUEL AMATEUR ".

* De 1894 à 1925 : Les années d'apprentissage dans sa Hongrie natale ...
Blessé lors de la 1ère Guerre Mondiale, l'artiste fige sur la pellicule un monde qui est en train de disparaître pour laisser place à la modernité ...
. " Enfants lisant, Esztergom " (1915 - National Gallery of art Washington) ... 3 bambins assis sur un trottoir que l'on peut admirer pour l'éternité !
. " Mon frère Jeno en Scherzo " (1919 - Paul Getty Museum, Los Angeles) : André Kertesz immortalisa à maintes reprises son jeune frère, véritable sujet à part entière lors des premières expériences photographiques ... voir ci dessous !



. " Le Cirque " (1920 - BNF) ... En photographiant ce couple de " voyeurs " l'artiste nous livre une oeuvre pleine de poésie !
. " Le Musicien Aveugle " ( 1921 - National Gallery of art Washington) ... Un oeuvre chargée d'une rare émotion ... à admirer présentement !



* De 1925 à 1936 : L'explosion d'un génie à Paris ...
L'artiste qui a quitté la Hongrie, parvient à se faire un nom en l'espace de 3 ans dans la capitale française (1ère exposition en 1927) en prônant un type de " PORTRAITS VIRTUELS ET DÉCALÉS ". Ces clichés qui immortalisent le "Tout Paris artistique " de l'époque (de Mondrian à Zadkine en passant par Léger, Kisling et Foujita) permettent à André Kertesz d'apparaître comme l'un des maîtres (au même titre que Man Ray) de la photographie moderne à Paris.
De cet épisode bohème, date toute une série de photographies se rapportant à Mondrian à l'image de celle qui suit ... l'artiste suggère la présence du peintre en immortalisant ses lunettes et sa pipe (du grand art ! ).
Dans le même temps , l'artiste sublime comme nul autre l'atmosphère si particulière de la " Ville Lumière " ... aussi les rues, les places et autres lieux de vie trouvent une seconde existence sur papier glacé !
. " Chaises, Fontaine Médicis " (1926 - Art Institute of Chicago) ... un jeu d'ombre que je vous invite à admirer ci dessous pour mieux révéler la solitude de l'existence (sublime ! ).


. " Sans titre " (1927 - Museum of Modern art New York) ... un homme assis dans un escalier ou tout se confond avec géométrie.
. " Dans un bistrot " (1927 - Centre Pompidou) ... une image d'Epinal qui traduit néanmoins la fin d'une époque !
. " Marchand de muguet " (1930 - Courtesy of Estate of André Kertesz New York) ... une photographie qui ne cesse de me hanter tant l'artiste a su décrire avec une émotion réelle les traits d'un homme infirme essayant de subsister en vendant quelques brins de muguet.


* De 1936 à 1962 : les années de solitude aux USA ...
Souhaitant donner un nouveau départ à sa carrière, l'artiste émigre vers le Nouveau Monde mais en guise de Terre Promise , André Kertesz découvre l'amertume de " l'exil ".
Aussi, son oeuvre se teinte peu à peu de mélancolie et de solitude à l'image "du nuage égaré à New York" (1937 - Courtesy Sarah Morthland Gallery New York) qui semble vouloir se fracasser sur un building !


* De 1963 à 1985 : une retraite synonyme de renaissance ...
Au moment de la retraite, André Kertesz reprend goût à la vie et entreprend une véritable " RENAISSANCE ARTISTIQUE ".
Si l'on assiste à une relecture de l'oeuvre de l'artiste, ce dernier poursuit une démarche de plus en plus personnelle ou " l'émotion " devient le maître mot.
Ses travaux au Polaroïd pris depuis une fenêtre de son immeuble NewYorkais (1979) lui permettent de célébrer Elisabeth, sa Femme récemment décédée ... voir ci dessous.


Permettez-moi de conclure en vous invitant à partir au plus vite à la découverte d'une oeuvre qui se confond avec un " VÉRITABLE JOURNAL INTIME VISUEL " (pour reprendre les mots de l'artiste).








vendredi 14 janvier 2011

Un Coup de Coeur : " L'HOTEL DE BOURGTHEROULDE " à ROUEN

En plein coeur de la vieille ville de Rouen (plus précisément place de la Pucelle), l'hôtel de Bourgtheroulde s'offre au regard des visiteurs tel un écrin ...

Ce chef d'oeuvre architectural du 16 ème siècle qui mêle gothique flamboyant (une spécificité locale !) et style Renaissance fut construit en pierre (une exception à l'époque) pour traduire le prestige de la Famille Le Roux, Seigneur de Bourgtheroulde et conseiller à l'échiquier de Normandie.
Cet hôtel particulier exhibe en outre une magnifique cour intérieure ornée de bas reliefs décorant la galerie d'Aumale. Ces fresques gravées dans la pierre illustrent l'entrevue du Camp du Drap d'Or (voir 2ème illustration) ... célèbre épisode de l'histoire Franco-Anglaise qui réunit en 1520 en Flandres le Roi François Ier et le Souverain Henri VIII d'Angleterre afin de sceller une alliance au détriment de L'empereur Charles Quint !
Si le faste déployé (qui donna son nom à ce rendez vous historique) se solda finalement par un échec, sachez que quelques 5 siècles plus tard le bruit des sabots de ses illustres cavaliers continue de raisonner dans un lieu qui m'est cher (ma ville natale).

Un conseil : Si d'aventure vous faites un petit tour par Rouen, sortez des sentiers battus (Cathédrale, Gros horloge ...) et partez à la rencontre de lieux qui sont en soit une véritable invitation au " voyage " (Cour du Palais de Justice, Aitre Saint Maclou sans oublier naturellement l'hôtel de Bourgtheroulde ... Sachez encore que ce dernier lieu accueille depuis peu un Hôtel 5 étoiles qui fait conjuguer plaisir des yeux et celui du palais !






vendredi 7 janvier 2011

Exposition : " BASQUIAT (1960-1988) " au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris.

A l'occasion du 50 ème anniversaire de la naissance de Jean Michel Basquiat, le musée d'art moderne de la ville de Paris en partenariat avec la fondation Beyeler (de Bâle), consacre une rétrospective (une 1ère dans la Capitale Parisienne) à ce trublion de l'histoire de l'art.


Cet artiste né à Brooklyn de parents Porto ricain et Haïtien commença sa carrière en multipliant les graffitis sur les murs de New York avant d'être consacré par ses pairs au cours des années 80.

Telle une météore (il décéda à l'âge de 28 ans d'une overdose), Basquiat devait influencer l'histoire de l'art en mettant en lumière " un art hérité de la rue " !

Cet art transgressif nous fait pénétrer de plain pied dans un monde ou MYTHOLOGIE (Vaudou et Bible), BANDE DESSINÉE (Félix le Chat), PUBLICITÉ (collaboration à partir de 1984 avec Andy Warhol), HÉROS AFRO AMÉRICAINS MUSICIENS ET SPORTIFS (Charlie Parker, Miles Davis, Cassius Clay) et RACINES CARIBEENNES ont élu domicile.

A coté de ses références sociaux- culturelles, l'artiste crée véritablement une nouveau langage pictural nourri de soif de liberté et de violence intérieure ... à l'image de Van Gogh en son temps !

Dés lors, cet ART DÉCALE qui décline " Couleurs vives et Rébuts à répétition " vient bousculer l'art minimaliste des années 80 ... c'est en cela qu'il est génial !

* " SKULL " (1981 - Collection Eli et Edythe L. Broad, Los Angeles) incarne à merveille le caractère novateur et unique de l'oeuvre de Basquiat.
En transcrivant ce crane sur la toile, l'artiste traduit son obsession pour l'anatomie (enfant, il fut renversé par un véhicule et dut subir une ablation de la rate ; durant sa convalescence sa mère lui offrit un manuel d'anatomie qui devait l'inspirer par la suite ! ) et nous invite à découvrir un univers chargé d'épouvante et de magnétisme ... voir ci dessous !
* " GARCON ET SON CHIEN DANS UNE BOUCHE D'INCENDIE " (Courtesy The Brant Foundation, USA) s'apparente à une véritable explosion de couleurs mêlant acrylique, pastel gras et peinture à aérosol ... une oeuvre sublime que vous pouvez admirer grâce à la 2 ème illustration !

* " GRILLO " (1984 - Fondation Louis Vuitton pour la Création) constitue une oeuvre monumentale qui évoque les Griots (célèbres conteurs africains) ... et qui traduit l'obsession anatomique !
* " ANTONY CLARKE " (1985 - Collection Particulière).
Ce magnifique portrait figuratif ne cesse de m'interpeller ... voir 3ème photo !

* " PEGASUS " (1987 - New York Collection John Mac Enroe).
Cette oeuvre sur papier démontre le questionnement d'un artiste et ce quelques mois avant sa mort.

Un Conseil : Si vous êtes de passage à Paris courrez au plus vite pour découvrir un univers qui vous laissera en aucun cas indifférent !

mercredi 5 janvier 2011

Exposition : " RUBENS, POUSSIN, et les peintres du 17 ème Siècle " au Musée Jacquemart André.

Le plus bel hôtel particulier Parisien nous convie en cet hiver 2010-2011 à partir à la rencontre deux courants majeurs du 17 ème siècle : LE BAROQUE FLAMAND et LE CLASSICISME FRANÇAIS.

Ces deux mouvements qui occupèrent la scène artistique parisienne du règne d'Henri IV à celui de Louis XIV, consacrèrent Rubens et Poussin.

* RUBENS en digne chef de file de l'École Baroque Flamande mis à l'honneur un genre : la peinture d'histoire.
" le bain de Diane " peint dans les années 1635/40 (Musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam), constitue une oeuvre d'une sensualité inégalée qui n'est pas s'en rappeler les célèbres " 3 Grâces " ... voir photo ci-dessus !
Antoon Van Dyck, autre maître du baroque flamand, a su lui aussi nous illuminer à travers le " Portrait de Marie de Médicis "(1632 - Palais des Beaux Arts de Lille) ... Cette oeuvre qui atteste du talent de portraitiste de l'artiste, révèle toute la présence psychologique du modèle (du grand art ! ).
L'influence du baroque flamand fit jour aussi à travers les scènes de genre.

David II Teniers possède en la matière un talent qui ne cesse de me fasciner. Sa " fête villageoise " (vers 1650 - Courtesy Michael Tollemache à Londres) s'apparente à un véritable petit joyau qui nous transporte quelques siècles en arrière ... je vous laisse admirer cet instant de bravoure avec l'illustration ci-dessus.

Les Frères Le Nain (artistes originaires de Laon) utilisèrent quant à eux l'héritage flamand pour nous livrer une oeuvre ou le temps semble suspendu ... " les joueurs de cartes " (vers 1635 - Musée Granet à Aix en Provence) que vous pouvez admirez à la suite, symbolisent cette approche picturale emprunte de poésie !

Si l'école baroque flamande triompha à Paris au cours du 17 ème siècle, elle fut concurrencée par l'apparition d'un mouvement artistique hexagonal : l'école classique française.

Nicolas Poussin, véritable porte étendard de ce mouvement pictural, privilégia la peinture de paysage (je dois avouer que je suis totalement hermétique à cela ! ) sans toutefois délaisser la peinture religieuse. Sa " Piéta " (1625 - Musée d'art Thomas Henry à Cherbourg Octeville) constitue un véritable chef d'oeuvre en la matière ... voir 1ère photo !

A l'instar du baroque flamand, l'école classique française su faire des émules et ce jusque dans les rangs liégeois !

Jean Guillaume Carlier, qui fut l'élève du grand artiste liégeois Bertholet Flémal, nous éblouit avec son magnifique " Autoportrait " (vers 1670 - Musée d'Art Wallon de la Ville de Liège) ... une oeuvre qui reprend à son compte les canons esthétiques français : simplicité, sobriété et spontanéité ! Un CONSEIL : Courrez au plus vite (fin de l'expo le 24 janvier 2011) pour découvrir ce dialogue entre deux écoles de peinture ... et profitez de votre visite pour appréhender les innombrables richesses de ce musée : dépaysement garanti à la clef !


J'oubliais : Je formule le souhait que cette nouvelle année soit plus que jamais placée sous le signe de l'art ... meilleurs voeux à tous !